Au cœur du dessin /
Im kern der Zeichnung

du 10 octobre au 20 décembre 2020

Sabine Brand-Scheffel, Christiane Bricka, Andrea Christl, Michel Cornu, Roger Decaux, Elham Etemadi, Marie-Amélie Germain, Armin Göhringer, Jonas Göhringer, Sima Jahangirian, Martine Missemer, Rainer Nepita, Germain Roesz, Mitsuo Shiraishi, Dan Steffan, Robert Stephan, Gabi Streile, Sylvie Villaume, Raymond-Emile Waydelich, Haleh Zahedi

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Il y a du mythe, de la passion et de l’irraison dans le dessin. Le mythe voudrait qu’à l’origine du dessin (mais aussi de la peinture) se tiendrait Dibutade, la fille d’un potier de Corinthe, attristée par le départ imminent de son amant, qui aurait tracé sur le mur à partir de l’ombre projetée, le profil de son amour. 

 

Passion dans le mythe, dessin comme ligne du souvenir d’une ombre. Une ombre d’une personne bien réelle qui va peut-être disparaître dans la guerre. Le dessin d’emblé contient tout cela : garder en mémoire, tracer, exprimer une douleur, évoquer une joie, prévoir un avenir. 

 

Mais on peut évidemment aller plus loin dans le temps et évoquer les incroyables dessins d’animaux, rarement des humains (chasseurs) dans les grottes ornées. Là encore la question du mythe, voire de l’impossibilité de savoir ce que cela dit vraiment se pose. Pour certains, la représentation est la comptabilité de la chasse, pour d’autres c’est l’invention de l’art, pour Bataille ce fut la saisie d’un ordre du monde que l’observation des animaux pouvait indiquer (une forme d’invention de la religion). La science des préhistoriens montre, au-delà des spéculations, qu’il va sûrement falloir repenser nos catégories, modifier nos certitudes. Peut-être bien que les artistes de la préhistoire étaient des femmes. Le dessin alors pourrait bien ouvrir d’autres perspectives quant à notre compréhension du monde et aux directions qu’il a pris.

 

Le dessin fut aussi l’objet de luttes disons esthétiques, d’écoles, les rubénistes et les poussinistes par exemple. Lutte pour savoir qui, du dessin ou de la peinture, avait la primauté. Par la suite, et pour de nombreuses personnes encore, le dessin est le sanctuaire qui atteste de la compétence de l’artiste. 

 

Savoir dessiner, connaître la perspective sont les termes qui pourraient légitimer le faire œuvre. Et pourtant le dessin est bien plus que cela. Il est à mon sens ce qui qualifie en premier la singularité d’un artiste, disons son authenticité. Si l’on admet cela il faut en premier lieu observer dans le dessin ce qu’il fait comme trait, par l’effritement, l’affirmation, la grosseur, l’appui, le tremblement, le scandé, le flou, le raturé, l’énergie du geste, la lenteur de l’application, la dimension, le minuscule, le monumental, le répétitif. Mais en premier lieu aussi il y a le contenu, ce que cela montre, et d’abord le dessin en lui-même, ce que cela évoque, et d’abord comment cela nous tient, ce que cela explique (dans l’histoire du dessin industriel quelque chose s’échappe vers le dessin artistique, chez Duchamp ou Picabia par exemple), et encore il précise ce que pourrait être un autre projet, une autre réalisation (chez Christo, Jean Clareboudt, le land art, etc.). En ce sens le dessin multiplie les interprétations, augmente les territoires artistiques, et surtout s’énonce comme une origine toujours renouvelée. On comprendra que je ne sépare pas la matérialité du dessin et de la forme de son expressivité et de ses significations. 

 

Cela se dit dans la lenteur et l’approche d’un sujet peu visible que le dessin fait apparaître. Cela se dit dans la fulgurance du geste mais aussi dans l’observation méticuleuse de ce que cela donne à voir. Cela se dit dans la relation du corps et de l’esprit, de l’espace et du temps. Cela conjugue du minimal et du maximum, du noir et blanc et de la couleur. De la finesse et de l’épaisseur. 

 

Je vois dans le dessin une singulière symbolisation de la vie, ou plus justement encore une condensation de la vie entre les heurts, les traumas, les joies, les peurs, les ouvertures des sens. Il y a de l’odeur dans le dessin, il y a la ligne claire et le sfumato du fusain, il y a l’éclair et la paix après l’orage. 

Les 20 artistes qui font cette exposition témoignent d’une année 2020 si particulière. Entre suspens, arrêt et distance, confinement, réflexion et reprise. Mais reprise de quoi, de penser un autre monde, d’imaginer que cela, tout cela pourrait être mieux ! L’art se doit à la présence. Chaque artiste pour la vie profonde même de l’art, entre humour et tutoiement de l’inconnu, entre rigueur de l’observation et errements féconds dans l’infini, pour poursuivre donc le rêve d’une communauté. Chaque artiste dessine un cœur, donne un cœur au dessin, fait du dessin le chœur de tous les desseins. 

 

 

Germain Roesz, septembre 2020


In der Zeichnung gibt es Mythos, Leidenschaft und Unvernunft. Nach dem Mythos kommt die Zeichnung (aber auch die Malerei) ursprünglich aus der Geschichte von Dibutades, die Tochter eines Töpfers aus Korinth, die, aufgrund der bevorstehenden Abreise ihres Geliebten, sein Profil an die Wand gezeichnet hatte. 

 

Leidenschaft im Mythos, Zeichnung wie die Linie der Erinnerung in einem Schatten. Der Schatten einer wirklichen Person, die vielleicht im Krieg verschwinden wird. Diese Zeichnung enthält all diese Elemente: im Gedächtnis behalten, markieren, den Schmerz ausdrücken, Freude erwecken, die Zukunft planen. 

 

Aber wir können noch weitergehen und die unglaublichen Zeichnungen der Tiere – selten der Menschen (Jäger) – in den verzierten Höhlen ansprechen. Hier wieder stellt sich die Frage nach dem Mythos und nach der Unmöglichkeit zu wissen, was wirklich ausgedrückt wird. Für manche ist es die Darstellung der Jagd, für andere ist es die Erfindung der Kunst. Für Bataille ist es die Darstellung einer Weltordnung, die durch die Beobachtung der Tiere belegt wird (eine Art Erfindung der Religion). Die Wissenschaft der Prähistoriker zeigt, dass bisherige Interpretationen überdacht und geändert werden müssen. Womöglich waren die Künstler der Vorgeschichte Frauen. Danach könnte die Zeichnung neue Perspektiven bzgl. unseres Verständnisses der Welt und seiner eingeschlagenen Richtung eröffnen. 

 

Die Zeichnung ist auch Gegenstand von ästhetischen Streiten, die zwischen verschiedenen Schulen (z.B. zwischen den Rubenisten und den Poussinisten) stattfinden. Streit, um zu klären, ob die Zeichnung oder die Malerei den Vorrang hat. Für viele ist die Zeichnung das Heiligtum, das die Kompetenz des Künstlers zeigt.

 

Gut zeichnen können und die Perspektiven zu kennen, sind die Elemente, die die Poiesis der Künstler belegen könnten. Dennoch ist die Zeichnung mehr als das. Meiner Meinung nach kennzeichnet sie zunächst die Eigenheit des Künstlers, sozusagen seine Authentizität. Danach wird in einer Zeichnung zuerst der Strich beobachtet, d.h. durch das Verwittern, die Größe, den Druck, das Zittern, die Wiederholung, die Unschärfe, das Durchgestrichene, die Energie der Gesten, die Langsamkeit der Zeichnung, das Ausmaß, die Winzigkeit und das Monumentale. Aber zunächst gibt es auch den Inhalt wieder, was die Zeichnung zeigt, was sie hervorruft, wie sie unsere Aufmerksamkeit an sich zieht, was sie erklärt (in der Geschichte der industriellen Zeichnung flüchtet etwas nach der künstlerischen Zeichnung, z.B. : bei Duchamp oder Picabia). Außerdem zeigt die Zeichnung, was das nächste Projekt bzw. das nächste Werk sein könnte (bei Christo, Jean Clareboudt, die Land Art usw). Dabei vervielfacht die Zeichnung die Interpretationen und vermehrt den künstlerischen Ausdruck. Vor allem wirkt sie wie ein ständig neuer Beginn. Hier werden die Beschaffenheit der Zeichnung, die Form der Ausdruckskraft und ihre Auslegung voneinander nicht getrennt. 

 

All diese Elemente verwirklichen sich in der Beständigkeit und in der Herangehensweise eines missverständlichen Themas, welches durch die Zeichnung deutlich gemacht wird. All diese Elemente verwirklichen sich in der spontan geschickten Geste aber auch in der sorgfältigen Beobachtung des Werks. All diese Elemente verwirklichen sich in der Beziehung zwischen Körper und Geist, Raum und Zeit. All diese Elemente verbinden Minimum und Maximum, schwarz, weiß und Farben, Feingefühl und Mächtigkeit. 

 

Ich betrachte die Zeichnung als eine Symbolisierung des Lebens oder genauer gesagt wie eine Zusammenfassung des Lebens mit den Zusammenstößen, Traumata, Freuden, Ängsten und Sensibilisierung der Sinne. In der Zeichnung gibt es Geruch. Es gibt auch eine klare Linie und das Sfumato der Zeichenkohle, es gibt den Blitz und den Frieden nach dem Gewitter. 

 

Die 20 Künstler dieser Ausstellung bezeugen ein besonderes Jahr 2020. Zwischen Schwebe, Stopp und Distanz, Ausgangssperre, Überlegung und Wiederbeginn. Aber Wiederbeginn von was? Von einer anderen Welt, in der man sich vorstellen könnte, dass alles besser ist! Die Kunst ist der Präsenz schuldig. Jeder Künstler widmet sich dem tiefen Leben selbst der Kunst. Er befindet sich ständig zwischen Humor und dem Duzen des Unbekannten, zwischen Strenge der Beobachtung und fruchtbare Irrwege in dem Unendlichen, um also den Traum einer Gemeinschaft fortzusetzen. Jeder Künstler zeichnet ein Herz, gibt dem Zeichnen ein Herz und macht aus der Zeichnung das Ausdrucksmittel des Herzens. 

 

 

Germain Roesz, September 2020

Traduction : Fanny Cales

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